Mai 68, c’était il y a cinquante ans. Une partie de ceux qui l’ont fait ont viré vieux cons, ce qui prouve que, finalement, cracher dans la soupe est parfaitement acceptable socialement. Voilà qui devrait nous encourager à les imiter, sans compter une météo favorable et une société à fleur de peau. Moi ce qui m’intrigue c’est qu’on a l’impression quand on regarde les photos d’époque que mai 68 à Paris c’était un club « men’s only ». Les femmes, elles étaient où ? D’où mon article dans le New York Times : « The hidden women of Paris ».
Il n’y a pas qu’en France qu’il s’est passé des trucs, en Amérique ça a swingué aussi. Lire le roman de Nathan Hill, « Les fantômes du vieux pays », publié en France chez Gallimard. La couv’ et le titre français sont pourris, alors l’anglais c’est mieux (« The Nix« ), mais ce qui compte c’est que ce livre se dévore comme un repas gastronomique : une vraie tornade qui s’empare des émeutes de Chicago en 68, du New York post-11-Septembre et du Midwest des années soixante. Nathan Hill brasse tout ça pour accoucher d’un grand roman comme seuls les Américains savent en écrire aujourd’hui. Bon, c’est pas le tout, mais je me recouche pour le déguster en paix, les barricades attendront.